NewB : une banque coopérative en construction.

 

Avant de parler de NewB, faisons un petit retour en arrière en 2007-2008 au démarrage de la crise financière. L’éclatement de la bulle immobilière aux Etats-Unis, entraine une réaction en chaine et la faillite de nombreuses institutions bancaires au premier rang desquelles, la banque d’affaire Lehman Brothers. En sus de ces faillites, on assiste surtout à une intervention massive des Etats pour recapitaliser et/ou nationaliser les banques. En Belgique, il s’agit d’abord et surtout du rachat par l’Etat de Fortis Banque, de Dexia et KBC ensuite. Sans ces sauvetages, l’impact sur l’économie belge mais aussi européenne et mondiale (par effet de contagion) aurait été considérable (du moins peut-on le supposer). En effet, ces établissements bancaires étaient « too big to fail » (trop gros pour qu’on les laisse tomber en faillite) car ils représentaient un risque systémique.

Or, ces banques que l’on a été contraint de sauver sont à l’origine même de la crise financière. Et ce au travers de leur expansion effrénée (devenant toujours plus grosses), de la recherche permanente de plus de gains et de bonus tout en faisant fi des règles élémentaires de gestion de risque, en créant des produits qu’elles ne comprenaient pas elles-mêmes et en s’éloignant de plus en plus du simple client (je fais ici un petit aparté en signalant que derrière « les banques » il y a des hommes et des femmes qui souvent ont échappé à de quelconques sanctions en réponse à leur mauvaise gestion et à leur aveuglement). Ces banques ont donc été sauvées grâce à nos impôts. Ou plutôt, grâce à une augmentation de la dette belge. Cependant, malgré la mauvaise gestion des dirigeants de ces banques et leurs erreurs evidentes, on continue de parler de bonus excessifs, de mauvaise gestion mais aussi de réductions massives de personnels, de tentatives d’exploitation de données relatives aux clients,… En fait, rien ne semble avoir changé. Dans le même temps, un grand nombre de gens ne font plus confiance aux banques.

 

C’est fort de ce constat que nait la NewB. En mars 2013, une cinquantaine d’organisations décident de lancer la coopérative qui vise à mettre sur pied une banque coopérative. L’objectif affiché alors, réunir 10.000 coopérateurs en moins de 3 mois. L’objectif sera rempli en deux jours ! En moins de deux mois, l’organisation rassemble plus de 40.000 coopérateurs ! Aujourd’hui, NewB c’est plus d’une centaine d’associations et plus de 46.000 coopérateurs.

 

C’est bien beau tout cela mais le projet de NewB c’est quoi ?

 

- C’est tout d’abord une banque qui appartient aux coopérateurs et dans laquelle chaque client a un pouvoir de décision. Ce sont en effet les coopérateurs qui déterminent ce qu’il advient de leur argent et comment il est investi. En effet, toute personne voulant devenir client de la banque doit d’abord devenir coopérateur. Les décisions sont prises sur le principe « un homme = une voix » indépendamment de l’apport financier. Dans la même idée, en cas de bénéfice, celui-ci sera redistribué entre les coopérateurs. Il me semble important de bien insister sur ce point. Dans la plupart des banques traditionnelles, seule une minorité des clients sont en même temps actionnaires de la banque et peuvent ainsi décider de la future orientation de la banque. Un actionnaire peut également ne pas être client de la banque. De plus, en général, les actionnaires agissent avec en tête un objectif de maximisation des profits et donc de leurs dividendes. Ils n’agissent pas spécifiquement dans l’intérêt du client. Or, chez NewB, on évite cette divergence d’intérêt en s’assurant que tous les clients soient également coopérateurs et que le pouvoir de décision ne dépende pas du montant de l’apport. En découle un volet participatif évident, les coopérateurs exercent leur pouvoir de décision à travers l’assemblée générale à laquelle ils sont tous conviés. Ils peuvent également fournir du contenu par le biais de réunions locales organisées par les ambassadeurs et au travers du forum internet.

 

- NewB c’est également une banque dont le fonctionnement est clair et transparent. Les rémunérations et autres coûts sont accessibles aux coopérateurs. Les tarifs appliqués par la banque sont faciles à comparer. Et surtout, les produits offerts sont simples et compréhensibles par tout un chacun.

 

- NewB sera une banque qui prône la sobriété. Pas de parachutes dorés ou de bonus. Une tension salariale de 1 à 5 (différence de salaire entre la personne la mieux rémunérée et la moins bien rémunérée). Cet objectif de sobriété est notamment atteint grâce au fait que les produits proposés sont simples et donc peu onéreux ainsi qu’au travers d’une chaine de décision courte et non bureaucratique (i.a. hiérarchie réduite). Une banque exclusivement internet et des banquiers mobiles.

 

- NewB sera une banque dont l’argent soutient l’économie réelle. Entre autre, par la mise en place de solutions créatives permettant le financement direct de projets sociaux. Pas d’activité de spéculation. Mise en place d’un comité éthique qui garantit le caractère durable de l’activité bancaire de NewB. La banque est aussi proche des ses clients de par la nature coopérative et l’implication des clients.

 

Pour conclure :

 

Il existe déjà de nombreux exemples de banques coopératives à travers le monde, citons parmi d’autres exemples la banque Desjardins au Canada avec plus de 6 millions de coopérateurs, plus près de chez nous le crédit coopératif en France, la Caja Laboral en Espagne ou encore Banca Etica en Italie. Une banque coopérative n’est pas une utopie !

 

En ce qui concerne NewB, de nombreuses choses ont déjà été réalisées. Citons notamment le développement d’une charte sociale et d’une carte d’identité, la mise en place d’un fonctionnement coopératif et d’une plate-forme internet ainsi que le développement d’un plan d’affaire sans compter le rassemblement des dizaines de millier de coopérateurs.

 

Le projet NewB est un projet ambitieux n’ayons pas peur de le dire. Créer à partir de rien une banque coopérative n’est pas une mince affaire. La route est encore longue et pour aboutir, le projet devra encore surmonter la difficile étape de l’obtention de la licence bancaire auprès de la Banque Nationale de Belgique, la récolte de capitaux suffisants ainsi qu’arriver à convaincre encore des milliers de personnes de devenir coopérateurs pour ainsi asseoir la légitimité du projet. Néanmoins, le défi est passionnant et le résultat n’en sera que plus beau. Imaginez une banque mise sur pied par le monde associatif et les citoyens, dont les clients ont un pouvoir de décision sur la façon dont sont alloués les fonds, une banque qui présente des produits simples qui peuvent être compris par tout un chacun, une banque pour qui la maximisation du profit n’est pas un but en soi, une banque belge qui finance l’activité en Belgique ! Voir le projet se concretiser ne tient qu’à nous ! Parlez-en autour de vous, convainquez vos amis et connaissances de devenir coopérateurs pour que tous ensemble nous permettions à ce projet de voir le jour !  

 

 

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